Quand communiquer pour le partage présente ses limites
La communication est un sujet qui me touche fortement actuellement. Quand on s’apprête à devenir entrepreneure, on se pose très rapidement la question du canal de communication à privilégier.
Selon moi, être présente partout et tout le temps, c’est tout simplement impossible et surtout contre-productif. On est partout et nulle part à la fois. Autre point, je pense qu’il y a toujours des plateformes avec lesquelles on accroche et d’autres moins. Moi par exemple, je n’ai jamais accroché avec Facebook que je trouve un peu vieillot (ce n’est que mon avis personnel), avec peu de possibilités de cibler une thématique. Linkedin a une vocation très professionnelle et reste donc assez conventionnelle où s’exprimer avec spontanéité et sensibilité n’est clairement pas la norme!
J’aime en revanche beaucoup Instagram. Je m’y exprime (quasiment) sans filtre, de manière assez naturelle, on peut s’y créer une communauté autour des mêmes valeurs ou centres d’intérêts, …. Et pourtant, même ce canal, que j’aime beaucoup, présente ses limites. En 2017, lorsque je m’y suis inscrite, c’était pour partager ma passion du moment : la fabrication de cosmétiques naturels. Je n’y mettais aucun enjeu. Je postais simplement pour le plaisir du partage et pour véhiculer des messages d’alerte sur le côté toxique des cosmétiques conventionnels. Je livrais mes solutions et recettes à la portée de tout le monde pour limiter l’utilisation de ces produits. Je publiais parce que ça me portait de partager des alternatives safe et d’échanger sur ces thématiques. Aucun enjeu de vente donc.
Voilà donc la limite: l’intention de vente. Quand il y a cet enjeu derrière, des codes se mettent en place insidieusement pour répondre à la course aux followers, aux likes, aux commentaires et… à la vente finale. Le partage devient secondaire. On ne va pas se mentir, pour bon nombre de professionnels, ce qui prime c’est « faire tout ce qu’il faut » pour attirer le potentiel client.
La tentation de vouloir coller aux normes
Les pros de la communication / marketing digital vous diront qu’il y a certaines pratiques efficaces pour répondre aux algorithmes d’Instagram, accroitre sa communauté et attirer le client :
- Programmer les publications pour les poster aux heures où il y a le plus d’audience
- Avoir un beau feed harmonieux avec un code couleur et une architecture type
- Avoir une ligne éditoriale
- Mettre les meilleurs hashtag en lien avec mon post
- Poster tous les jours, quitte à reposter quasiment le même contenu qu’un précédent post
- Etre très présente en story
- Faire des réels parce que les réels c’est ce qui cartonnent en ce moment
- Préparer un calendrier éditorial mensuel avec tous les contenus préparés à l’avance
- Interagir avec des comptes similaires
- Utiliser la publicité avec des posts et stories sponsorisées
- ………… et j’en passe
Je vous avoue qu’il y a quelques mois, en observant un peu les pratiques sur Instagram, j’ai moi aussi tenté de coller à certaines de ces pratiques. J’ai suivi quelques comptes qui donnaient des conseils et bonnes pratiques pour favoriser l’algorithme, pour récupérer un max d’adresses mail, … Aujourd’hui, si je voulais, je pourrais mettre en pratique cet amas d’astuces finalement très simples dans l’absolu. Mais je n’y parviens pas. Plutôt je ne m’y résous pas.

Les codes lisses, uniformes, déshumanisés… Pas pour moi!
Sans trop m’en apercevoir au début, je me suis laissée prendre aux pièges de ce que j’appelle aujourd’hui des CODES, car oui tout ce que je viens de décrire plus haut n’est rien d’autre que des CODES. Je n’ai rien contre ça, je ne blâme pas ceux qui se reconnaissent là-dedans et qui l’utilisent à bon escient.
Mais moi je ne m’y reconnais pas. Pire, vouloir à tout prix coller au moule génère chez moi des sensations très désagréables: culpabilité de ne pas faire ce qu’il faut, perte d’énergie créative, comparaison, réactivation du manque de légitimité, …
L’article du jour n’a pas pour but de parler de moi mais plutôt de mettre en lumière ce qui n’est jamais dit car finalement ça touche bien plus de monde que ma petite personne. Il y a quelques jours, j’évoquais ma fatigue émotionnelle de cette course effrénée pour répondre à ce qui est « attendu » jusqu’à m’en provoquer les larmes en story Instagram. J’ai été surprise par la vague d’entrepreneures venues me remercier d’avoir évoqué le sujet, d’oser dire que le côté lisse, planifié, robotisé des comptes qui « marchent » ne résonnent pas avec tout le monde, notamment avec les sensibles et les idéalistes. Je me suis aperçue que j’étais loin d’être isolée dans ce désaxement ! Mais les prises de parole à ce sujet restent par contre assez timides.
Se questionner sur les intentions sous-jacentes de la communication
Je suis une personne pour qui l’intention prime sur l’action.
Je ne me résous pas à suivre la direction du « toujours plus » dans le seul but de marteler d’informations le potentiel client, pour qu’il finisse par acheter un service.
Après la fast food, la fast fashion, nous avons aussi la fast content. De la surproduction et surconsommation de contenus, de quoi en avoir une overdose. Une fois encore, on consomme et on passe à autre chose. A mon niveau, je refuse de participer à cette machine infernale.
Même dans mon domaine d’activité (et j’ai même envie de dire encore plus fortement dans mon domaine), j’observe de loin les méandres de ce marketing digital de masse fondé sur la vulnérabilité de l’auditeur à un instant T et la promesse ultime d’un épanouissement à partir du moment où il suivra tel ou tel programme. Comme si avant de commencer, on pouvait connaître le résultat final d’un accompagnement… Après 10 ans de carrière, je peux affirmer qu’on ne peut jamais, mais vraiment jamais, connaître le résultat d’un accompagnement. Mettre en avant un résultat figé et précis, n’est rien d’autre qu’une technique marketing de vente.
Je ne me reconnais pas dans cette façon de faire. C’est tellement éloigné des valeurs les plus représentées chez moi : sincérité et authenticité… Naturellement, lorsque je partage mon univers, mes réflexions, mon quotidien, mon intention première est avant tout de faire connaître la personne que je suis, mes idéaux, mettre en lumière certaines vérités, ramener de l’humanité dans la sphère du développement personnel, … Et tant mieux, si certaines personnes se reconnaissent et se sentent appelées à faire un bout de chemin avec moi dans le cadre d’un accompagnement.
S’autoriser d’autres alternatives pour communiquer vrai
Nourrir les croyances qui vous font du bien
Dans ce rouage, on peut facilement être amenée à croire que la réussite de notre entreprise repose sur une communication normée et une visibilité accrue. Je pense qu’il y a encore, malgré tout ce que je viens de vous dire dans cet article, une part en moi encore présente qui nourrit cette croyance.
Mais aujourd’hui, j’ai envie de nourrir la part de moi convaincue que, même en étant noyée dans la masse, je peux « parler » à certaines personnes en étant pleinement dans ma Vérité, en ne partageant que lorsque j’en ressens l’élan (quitte à être parfois absente des réseaux pendant plusieurs jours), en étant sincère dans mes propos quitte à être complètement à contre-courant des idées véhiculées dans mon domaine et qui « fonctionnent ».
Je veux y croire et que vous puissiez vous autoriser à y croire aussi. Puis à votre tour, vous inciter à partager cet état d’esprit et ainsi de suite. Rêvons grand : et si ensemble on pouvait renverser la balance!

Revenir au plaisir pour retrouver le goût du partage
L’énergie transmise sera bien plus impactante si vous utilisez, pour vous montrer et vous raconter à l’autre, des canaux et des méthodes avec lesquelles vous accrochez.
Dans mon cas par exemple, les vidéos, les réels, ce n’est pas du tout mon dada. En revanche, écrire ça m’éclate ! J’aime rédiger des posts inspirés l’instant. Je prends un plaisir fou à écrire des newsletters et savoir qu’elles seront lues par quelques personnes qui ont fait le choix de s’y inscrire.
Et plus récemment, j’ai pris la décision d’ouvrir cette page de blog même si le blog n’est plus très à a mode, que peu de personnes prennent le temps de lire des longs articles (recoucou fast content). Mais vous savez quoi, moi je ressens une vague d’énergie créative quand j’écris pour le blog alors je continuerai à publier ici tant que ce sera le cas, peu importe le nombre de lecteurs. Car s’attacher au nombre de lecteurs c’est encore une fois être dans une logique de résultats et non de pur partage.
Retrouvons le goût du partage, communiquons de la manière la plus juste pour nous et inspirons les autres à trouver un moyen de s’exprimer qui est pleinement le leur !!!!
« Casser les codes, c’est vivre son expérience -quelle qu’elle soit- différemment, en sortant de la norme et sans réfléchir à la tendance. C’est penser qu’on peut réussir autrement. Alors faites-vous plaisir, suivez votre intuition, créez une entreprise qui vous ressemble, véhiculez vos valeurs. Et tant pis si ça sort des clous ! »
Juliette Parcevaux, Fondatrice de Dessine moi un soulier
