Réalité absolue ou réalité propre?
Nous distordons le réel à travers nos propres filtres
On utilise souvent l’expression « je crois ce que je vois ».
J’aurais plutôt envie de dire que l’on voit ce que l’’on croit !
Très jeune, nous adoptons une certaine paire de lunettes. Durant toute notre vie, nous regarderons et décoderons les situations qui surviennent à travers cette même paire de lunettes. Nous irons même jusqu’à provoquer des situations qui viendront valider la couleur à travers laquelle je regarde le monde.
Avec ce fonctionnement, nous oublions que nous distordons constamment le réel et que tout ce que nous prenons pour vrai ou faux, n’est qu’une croyance. La croyance, pourtant flexible et propre à chacun, devient, pour la personne, une vérité absolue, incontestable.
Intégrée à notre système de croyances global qui formera une sorte de filtre, nous penserons et agirons à travers lui toute notre vie durant. Du moins, jusqu’à ce que nous en prenions conscience.
Sans parler de la boucle qui s’instaure au fil du temps : j’ai cette croyance donc j’agis en fonction, ce qui vient renforcer et confirmer ma croyance initiale.
Les origines multiples de ces croyances
La plupart de nos croyances et les histoires que l’on se raconte sur nous-mêmes sont profondément ancrées trouvent leurs origines dans :

- Des phrases si répétées par nos parents, nos professeurs, nos amis, … qu’elles sont imprégnées en nous.
- Les injonctions sociétales sur la réussite, le bonheur, la place de la femme, …
- Notre modèle familial et éducatif, les valeurs inculquées par notre famille
- Les expériences de vie à laquelle on associe une interprétation (en particulier celles dont on en garde un souvenir désagréable)
Alors qu’on les a érigées à un moment donné comme un bouclier de protection nécessaires à notre survie, ces réponses automatiques sont pour la plupart devenue une carapace obsolète et inutile.
Le systèmes de croyances est le socle de l’identité
Quand on a grandi avec certaines croyances sur nous, on s’est construit une identité sur le socle de ces croyances.
A l’âge adulte, de manière inconsciente, nous faisons tout pour que ce système de croyances soit inébranlable. Le cas échéant, cela reviendrait, toujours de manière inconsciente, à perdre notre identité.
Voilà pourquoi, même quand notre discours officiel énonce le souhait de se défaire de tout ce qui nous entrave, notre discours officieux (nos attitudes, nos comportements, …) disent tout à fait l’inverse.
Cela peut paraître incohérent mais il y a toujours des bénéfices à conserver une croyance. Le plus grand bénéfice caché étant de conserver son identité.
Les principales croyances chez les entrepreneures du bien-être et l’impact sur leur business:
- L’illégitimité. C’est de loin la plus fréquente. Ne pas se sentir suffisamment experte pour exercer, se sentir moins intéressante que les autres. C’est le fameux « qui suis-je pour prétendre soigner, conseiller, … ? » ou encore « Je n’ai rien de plus que les autres »
- Peur de se rendre visible: « je suis réservée ou introvertie et donc j’ai du mal à me montrer en vidéos, voire même en photo ».
- La valeur personnelle amalgamée avec la valeur monétaire de son service: «je ne peux pas mettre un tarif plus élevé ».
- La peur du jugement des autres et notamment de son entourage proche: « on va penser de moi que je suis vénale si je mets un tarif plus élevé ».
- Le syndrome de l’objet brillant qui consiste à se tourner sans cesse vers les dernières nouveautés (outils, formations, logiciels, …) sur lesquelles on conditionne toute la potentielle réussite de son business
- La peur de déranger : « j’ai déjà parlé de mon offre une fois en story, je ne veux pas les ennuyer en en reparlant de nouveau »
Se détacher de ce qui nous fait souffrir
Lorsque les pensées automatiques génèrent des schémas répétitifs
Alimentés par les biais cognitifs, notamment les biais de généralisation ou de confirmation, ces pièges de pensées se traduisent souvent en schémas répétitifs qui nous font souffrir. Les scenarii sont multiples mais je remarque tout de même, auprès de ma clientèle féminine, des schémas plus présents que d’autres :
- Dépendance ou trop forte indépendance : je ne peux pas vivre sans quelqu’un à mes côtés ou au contraire, je ne peux compter que sur moi
- Perte de confiance en soi : si je ne réussis pas ou si j’échoue c’est que je suis nul
- Inhibition émotionnelle : je n’ai pas le droit d’exprimer mes émotions
- Effacement : je suis insignifiante, je suis moins intéressante que les autres donc je me tais.
- Amour conditionnel : pour être digne d’amour et prouver que j’ai une raison d’exister, je dois faire quelque chose ou je dois faire passer mes besoins au second plan
- Recherche constante d’approbation : pour envisager un projet, je dois avoir l’avis des autres, je ne dois pas décevoir.
- Abnégation de soi: les autres sont plus importants que moi, je me fais passer au second plan
- Méfiance, hypervigilance et contrôle: difficulté à déléguer, être aidée, je ne peux pas faire confiance aux autres
Par ces exemples, nous voyons bien que les pensées influencent grandement les actes.
Déconstruire petit à petit notre système de croyances
Est-ce que c’est tout le système de croyances qu’il faut déconstruire d’un coup, je ne pense pas. Cela serait trop déroutant. L’Etre humain a besoin de « croire ».
D’autant plus qu’une partie des croyances sont bénéfiques. Il convient donc de les conserver, qu’elles soient vérifiables ou non.

D’autres amènent à des comportements dysfonctionnels (des comportements inadaptés à une certaine réalité) qui participent à un mal-être. C’est sur celles-ci qu’il est intéressant de mettre le projecteur.
Je conseillerais de commencer par celles qui nous freinent dans la concrétisation de nos projets, donc par celles qui sont inhibitrices d’actions ou génératrices de procrastination.
Comment les repérer facilement et s’en détacher en autonomie
Les débuts de phrase du type « c’est comme ça », « c’est ainsi que cela fonctionne », « c’est ainsi qu’est le monde » ou encore « je suis trop…. » ou « je ne suis pas assez… » sont généralement liées à une croyance générée de toute part.
Et si chaque fois que tu prononçais ce type de phrase, tu te disais « et si c’était faux » ?
Un autre axe aussi important est de faire le point sur son entourage : est-il soutenant, inspirant, boostant ou au contraire décourageant, freinant, bridant ? Notre entourage agit sur notre biais de confirmation (on va fréquenter des personnes qui ont sensiblement les mêmes opinions que nous, renforçant ainsi notre croyance initiale).
Si l’on en croit l’adage « nous sommes la somme des 5 personnes que nous fréquentons le plus », alors autant s’assurer qu’il s’agit de personnes positives et déjà sur le chemin du déconditionnement.
Faire de la place aux croyances créatrices
Expérimenter de nouvelles croyances bienfaitrices grâce à un accompagnement
Comprendre ses filtres à travers ses propres filtres a ses limites.
Quand une croyance est vécue comme un fait réel et une vérité absolue, l’aide d’une tierce personne pour poser le projecteur dessus peut être pertinente et surtout être un gain de temps.
Le but d’un accompagnement avec une personne neutre est de mettre de la lumière sur ses pensées réflexes, les assouplir et s’ouvrir à d’autres réalités possibles. En résumé, avoir une nouvelle lecture de son propre monde. L’objectif premier est donc d’y mettre de la conscience. Je dirais que c’est 80% du job.
C’est ainsi qu’en séance, nous irons tenter de comprendre son origine, son impact positif ou négatif sur nos actions et l’atteinte de nos objectifs, tenter de trouver des contre-exemples survenus au cours de notre vie qui viendraient invalider ou du moins émettre un doute sur les croyances inhibitrices.
Mettre en lumière et mots ne suffisent généralement pas à faire tomber une croyance inutile. C’est en expérimentant concrètement une croyance différente, voire littéralement opposée que l’on va pouvoir véritablement s’en délester. Le mot d’ordre : mettre en place une action concrète pour venir valider la nouvelle croyance aidante que l’on souhaite adopter pour remplacer la croyance inutile.
Pour aller plus loin, soutenir le travail de la conscientisation avec des approches corporelles
Parmi les personnes que j’accompagne, nombreuses sont en capacité de reconnaître ces pensées automatiques, de repérer les schémas répétitifs qui viennent les valider et survalider et parviennent à mettre des mots dessus. Et pourtant ça ne suffit pas pour changer notre façon de faire.
On retombe malgré nous dans un énième schéma répétitif. Et quand on en a conscience, on vient à culpabiliser d’autant plus de ne pas parvenir à faire autrement.
Tout simplement car la croyance est engrammée dans le corps. Et elle ne s’efface pas d’un coup de revers !
Dans ce cas, je préconise à mes clientes de compléter le travail effectué ensemble par des thérapies corporelles ou énergétiques. Je pourrais citer la sophrologie, l’hypnose, l’olfactothérapie, l’EFT, l’EMDR,… Il en existe pour tous les goûts, à la personne de s’orienter vers celle qui l’appelle le plus.

Par ailleurs, la plupart des personnes qui sont hermétiques à différentes grilles de lecture sont des personnes généralement coupées de leurs émotions. Un autre axe intéressant est celui d’emmener la personne à accepter d’être traversée par des émotions. Ce n’est qu’en acceptant d’être ponctuellement au contact d’émotions désagréables que l’on pourra sélectionner d’autres angles de vue.
Si une personne nous met en colère, il y a fort à parier qu’il y a derrière une interprétation différente d’une situation. Laquelle est vraie ? Les 2. Mais encore faut-il accepter d’être confronté à un avis contraire sans avoir à se justifier, sans se sentir insécurisé.
« Ce que la bouche s’accoutume à dire, le cœur s’accoutume à le croire. »
Charles Baudelaire
